Graça Morais
Era proibido
conviver
Era proibido
viver
Era proibido
ser feliz
Só se podia
poupar
e gastar
mal gasto
Os vinhos
e os perfumes
não se usavam
apodreciam
nas garrafas
Ele era
o nosso pai
e o nosso padrasto
Ele morreu
E em herança
deixou-nos
mais pobres
Deixou-nos
o medo
de ser pobres
Somos mesquinhos
e picuinhas
Adília Lopes
(poema do livro "Ovos", in Dobra - poesia reunida: 1983-2007, Assírio & Alvim, Lisboa, 2009
Apontamento meu:
uma bela história sobre (a)mar.
Fez-me lembrar o livro
Celui qui n'avait jamais
vu la mer de J.M.G. Le Clézio
Moi, je n’ai jamais vu la mer.
Un jour, une caravane est passée par ici. Un chamelier m’a dit :
― Imagine des chameaux verts, ou gris, ou bleus, cheminant dans le désert et vus du ciel. C’est ça, la mer.
Le berger, lui, m’a expliqué :
― La mer, c’est un immense troupeau de moutons qui courent dans un pré aussi grand que le désert.
Un marchand de tissus a déroulé une pièce de soie bleue. L’étoffe était légère, le vent l’a fait ondoyer.
― La mer, c’est du bleu qui ondule à perte de vue, m’a assuré le marchand de tissus.
Un cavalier, qui venait de très loin et qui avait beaucoup voyagé, m’a parlé des bateaux. Il m’a hissé sur un de ses chevaux et m’a demandé de fermer les yeux. J’ai caressé le flanc de l’animal.
― Voilà la forme d’un bateau, m’a-t-il enseigné.
Puis le cavalier m’a dit de glisser les doigts dans la crinière du cheval. Il a ajouté :
― Ça, c’est le mouvement de l’eau sur la coque d’un bateau.
Une fois, j’ai accompagné un étranger à l’oasis. Il m’a demandé de grimper à un dattier. Quand j’ai été là-haut, il m’a lancé :
― La mer, c’est ton oasis multipliée à l’infini.
― Je ne sais pas multiplier, ai-je répondu.
― Alors imagine, placées dans un cercle immense, autant d’oasis que tu peux en compter.
J’ai compté jusqu’à dix, puis je me suis dit : « L’océan, ce n’est pas si grand qu’on le prétend. »
― Regarde le ciel, a repris l’étranger. C’est le miroir de la mer.
Je me suis allongé sur le sable doré. J’étais sur l’eau.
― Maintenant, déroule ton turban et tiens-le à bout de bras.
Le vent l’a gonflé. J’étais un voilier.
Cette nuit-là, j’ai rêvé de la mer. Des milliers de chevaux, de moutons et de chameaux dormaient enlacés sur un immense drap bleu froissé. Il y avait des dattiers tout autour et moi, j’étais grimpé à l’un d’eux. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau.
Le matin, je ne voulais pas me lever. Je voulais retourner dans mon rêve.
Mon père était découragé. Il m’a dit :
― Ce sont des histoires, tout ça. La mer, ça n’existe pas.
Mais moi, la mer, j’y crois.
Un jour, je partirai à dos de chameau.
Je traverserai le désert et je la trouverai.
Marie-Danielle Croteau ; Normand Cousineau
Raconte-moi la mer
Saint-Lambert, Dominique et compagnie, 2004
fc@histoiresafairerever.com