sexta-feira, 11 de janeiro de 2013

Le Veilleur


 Un jour, il n’y a pas très longtemps, apparut dans le ciel un objet brillant comme une grosse étoile. Cet objet descendit lentement vers la terre. Au crépuscule il était comme un soleil rouge au-dessus des arbres. Une longue chevelure de feu traînait derrière lui : c’était une comète. Cette comète, traversant la nuit, incendia le pays. L’aube se leva sur une terre en cendres peuplée d’arbres noirs, et le peuple connut la misère.

Dans ce pays, en ce temps-là, vivait un homme qu’on appelait le Veilleur, car ses yeux étaient toujours grands ouverts, toujours émerveillés. Il avait l’air d’être perpétuellement étonné d’être vivant. Quand vint la misère, lui seul, dans son village ravagé, refusa de désespérer.

— Il faut vivre, et vivre, et vivre, disait-il aux moribonds.

Mais comment leur redonner force et courage ?

Il s’en alla un beau matin demander conseil à un vieil aveugle qui vivait seul, dans une grotte de la montagne. Au crépuscule le voici devant lui. L’homme vénérable dit ceci :

— Celui qui parviendra à pêcher la perle d’émeraude cachée au fond du lac le plus profond des montagnes de Jade, celui-là pourra aider les hommes. Mais les montagnes de Jade sont très lointaines, la route est dangereuse, et la perle d’émeraude est gardée par une énorme araignée noire qui a tendu sa toile sur l’eau du lac.

Le Veilleur écoute, les yeux écarquillés. Le vieil aveugle se gratte la barbe et dit encore :

— Celui qui veut atteindre l’émeraude doit d’abord passer par le plateau des fleurs vénéneuses pour y conquérir l’aiguillon d’or de la reine des guêpes. Car cet aiguillon est la seule arme capable de tuer l’araignée noire.

Le Veilleur n’y réfléchit pas longtemps. Avant même que l’aveugle ait fini de hocher la tête, il est parti à la conquête de la perle d’émeraude.

Il marche de longues semaines. Un jour, traversant une forêt profonde, il entend un grand cri dans le feuillage. Une plume noire tombe sur son visage. Il lève la tête et voit une bataille d’oiseaux : un épervier plante son bec crochu dans la gorge d’un corbeau qui se débat sans espoir. Le Veilleur lance son bâton à travers les branches. L’épervier s’envole dans un grand froissement d’ailes. Le blessé descend, lentement, se pose sur l’épaule de l’homme qui entend alors ces mots

dans sa tête : « Si tu as besoin de moi, un jour, appelle. Je viendrai. » Il se retourne vivement, le corbeau a disparu.

Le Veilleur poursuit son chemin difficile. À grand-peine il sort de la forêt et découvre à l’horizon une haute montagne, dont le sommet est plat comme une table. À travers les broussailles, les buissons épineux, il grimpe trois jours et trois nuits. Il parvient enfin au sommet, les vêtements en lambeaux, les pieds et les mains en sang. Un champ de fleurs vénéneuses, nocturnes et rouges, s’étend devant lui, sous le soleil pâle. Au milieu du plateau se dresse un arbre mort. Sur la plus haute branche il aperçoit un magnifique nid de guêpes. « Comment l’atteindre, se dit le Veilleur. C’est maintenant que le corbeau me serait utile. » À peine a-t-il pensé ces mots qu’une nuée noire apparaît à l’horizon. Des milliers de corbeaux viennent à lui. Ils se mettent à tourbillonner autour de l’arbre mort, si vite qu’ils font dans le ciel une immense roue noire. Au centre de cette roue noire les guêpes affolées sont comme une poussière dorée.

Le Veilleur, debout dans les fleurs rouges, regarde et s’émerveille. Un corbeau, enfin, vient se poser sur son épaule. Il tient dans son bec un aiguillon d’or. L’homme le prend, délicatement, et le contemple. Quand il relève la tête, les oiseaux déjà s’éloignent dans le ciel. La nuée de guêpes part à la dérive parmi les fleurs. Le Veilleur s’en va.

Il parvient à la montagne de Jade après neuf jours et neuf nuits de marche. Il franchit des précipices, escalade des rocs vertigineux. Le voici au sommet, au bord du lac. À la surface tout à coup bouillonnante apparaît une gigantesque araignée noire. Ses gros yeux bombés, impassibles, regardent le Veilleur. Ses longues pattes maigres, velues, se posent en grinçant sur la rive. Des rochers s’écroulent dans l’eau, en avalanche. Le Veilleur tient fort, dans sa main, l’aiguillon d’or de la reine des guêpes. La gueule du monstre se dresse lentement vers lui. De toutes ses forces, il enfonce son arme étincelante dans l’oeil énorme. L’araignée noire, prise d’épouvantables convulsions, recule, dégringole à flanc de montagne, se déchire parmi les rochers, disparaît au fond d’un précipice. 
Alors le Veilleur plonge dans le lac. Il descend infiniment dans l’eau glacée. Au fond, il voit briller enfin la perle d’émeraude. Il la saisit. Il la met dans sa bouche. Il remonte au soleil. Il tombe sur le rivage, à bout de forces. Il s’endort. 
Quand il se réveille, il se dresse sur la montagne et s’en va. Les rocs tremblent sous ses pieds. Il est devenu un géant. De sa bouche jaillissent des sources. Dans l’empreinte de ses pas poussent des prairies et des champs de blé sous la caresse de sa main. Il est maintenant un de ces grands vivants bienfaisants qui aident la Terre à vivre. 

Henri Gougaud
L’Arbre à Soleils
Paris, Ed. du Seuil, 1979

Paris, Ed. du Seuil, 1979

quinta-feira, 10 de janeiro de 2013

"Lovers at the Bastille"

Fotografia tirada em Paris, em 1957

Só 30 anos depois desta fotografia ter sido tirada, por Willy Ronis, é que o fotógrafo conheceu o par que havia fotografado em 1957, em Paris. 

Um dia, numa exposição dos seus trabalhos, alguém  fixou esta fotografia, que havia corrido o mundo, e disse-lhe: "I know your two lovers".

O artista quis conhecer os fotografados. O trabalho contava a história de um homem e de uma mulher jovens que se encontravam numa bela varanda de Paris...

Tal como uma bela história, outras teria sido capaz de ajudar a contar.

 

Também gosto assim



Ontem à noite, Richard Zimler esteve na Biblioteca Municipal de Gondomar, para dinamizar uma sessão de uma Comunidade de Leitores. 
Os convidados escolhem um livro, cujo título é atempadamente comunicado aos participantes, travando-se um diálogo entre os presentes, a partir da leitura do livro. O escritor, nascido nos Estados Unidos e residindo em Portugal há uns vinte anos, escolheu Os Anagramas de Varsóvia de que é autor. 

O romance começa assim:
"Desde miúdo que trago um mapa de Varsóvia nas solas dos pés, por isso consegui fazer o caminho quase todo até casa sem qualquer engano ou esforço."

Notada esta bela frase, o autor referiu que cada vez mais lhe interessa a existência de frases  poéticas nos livros.

Fiquei contente porque também penso assim: gosto de encontrar frases nos livros que me deem vontade de sublinhar, de voltar atrás, de abrir de novo as páginas para as reencontrar...

De contrário, as palavras parecem existir apenas para contarem uma história. E se assim for, história contada, obra arrumada.