«
 Je suis vraiment trop nul, pensa Tom. Quand quelqu’un passe devant moi 
 chez le boulanger, je n’ose rien dire. Je n’ose pas sortir avec mon 
pantalon à  fleurs que j’adore parce que j’ai peur qu’on se moque de 
moi. Et lorsque  j’entends un bruit bizarre la nuit je crois qu’un 
fantôme est sous mon lit. Je  voudrais bien être un peu moins peureux...
 »
« Qui pourrait bien m’aider ? » se demanda Tom. Il ouvrit les pages  jaunes à la rubrique « S.O.S. Petit Peureux ».
Arbre magique, proposait l’annonce. Résultat  garanti. Consultations sur place uniquement.
« Voilà ce qu’il me faut », se dit Tom. Et il décrocha son  téléphone.
Le lendemain matin, Tom se mit en route pour le Bois sauvage. Car c’est  là que l’Arbre magique recevait ses patients. 
«
 Tu me trouveras dans un bois plein de bêtes sauvages, avait-il dit au  
téléphone. Mais elles ne sont pas méchantes : tu ne dois pas avoir peur.
  »
Heureusement
 que l’Arbre magique l’avait prévenu ! Il était à peine  entré dans le 
Bois sauvage qu’il se trouva nez à nez avec un horrible dragon. Le  
monstre crachait du feu, et des nuages de fumée sortaient de ses narines.
— Où vas-tu comme ça ? demanda le dragon d’une voix  rauque.
Tom
 avala sa salive. Puis il se rappela les mots de l’Arbre magique : «  Tu
 ne dois pas avoir peur. » Il fixa le dragon droit dans les yeux et  
répondit :
— Je vais voir l’Arbre magique. J’ai un rendez-vous.
—
 Ah bon ! fit le dragon. Vas-y, alors… C’est tout droit, et au  
troisième squelette, à gauche. Et bien le bonjour à l’Arbre magique  !
Tom
 marchait prudemment dans le Bois sauvage quand il entendit un drôle  de
 sifflement… et avant de comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva 
dans  un arbre, suspendu par les pieds.
Une gigantesque araignée avec des pattes velues s’avançait vers  lui.
— De la viande de Petit Peureux ! sifflait-elle. Mon repas préféré  !
« Heureusement qu’elle n’est pas méchante, se rassura Tom. L’Arbre  magique me l’a bien dit : Tu ne dois pas avoir peur.  »
— Est-ce que tu peux me délivrer ? demanda-t-il. J’ai un rendez-vous  avec l’Arbre magique.
—
 Dommage... soupira l’araignée, en coupant tous les fils. Tu diras à  
l’Arbre magique que son pull est presque terminé. Et bonne route  !
Tom
 s’enfonça dans le Bois sauvage. Il faisait tellement sombre qu’il ne  
voyait presque plus ses pieds. Il venait d’apercevoir un panneau 
indiquant «  Arbre magique » quand il sentit une main glacée sur sa  
nuque.
Tom se retourna : il n’avait jamais vu de sorcière aussi  affreuse.
Elle
 avait des cafards et des araignées dans les cheveux, et elle  sentait 
vraiment très mauvais. Ses petits yeux brillaient  méchamment.
— Qu’est-ce que tu fais dans mon jardin ?  grogna-t-elle.
« Heureusement qu’elle n’est pas méchante ! se rassura Tom. L’Arbre magique me l’a bien dit : Tu ne dois pas avoir peur.  »
—
 Désolé, madame, répondit-il poliment. Je ne savais pas que j’étais  
dans votre jardin. Il fait tellement sombre ici. Je vais voir l’Arbre magique.
— Ah bon ! fit la sorcière. Alors, tu lui donneras cette citrouille de  ma part. Il adore la soupe à la citrouille !
Tom
 s’était avancé profondément dans le Bois sauvage. Une chauve-souris  
lui frappa le visage. Il y eut des hurlements de loups, puis un cri 
affreux,  mais Tom n’y fit pas attention. Au troisième squelette, il 
prit à gauche.  
L’Arbre
 magique était là. On pouvait lire sur une pancarte : «  Consultation 
uniquement sur rendez-vous. Ne pas déranger à l’heure du déjeuner.  »
— Bonjour, monsieur, dit Tom. C’est moi qui vous ai  téléphoné.
— Bien... répondit l’Arbre magique. Tu n’as pas croisé le dragon  ?
— Si, monsieur… Vous avez son bonjour !
— Et l’araignée ? Tu l’as vue ?
— Oui, bien sûr, et votre pull est presque fini !
— Et la sorcière ?
— Je l’ai vue aussi, et elle m’a donné une citrouille pour  vous.
— Bien, bien… répondit l’arbre magique. 
Il réfléchit un long moment, puis demanda :
— Dis-moi, mon garçon, que puis-je pour  toi ?
— Je ne veux plus avoir peur… répondit Tom. Ou juste un peu moins  souvent, si c’est possible…
L’Arbre magique réfléchit encore, puis répondit d’une voix  grave :
— C’est chose faite, mon garçon. La consultation est terminée. Bon  retour !
Tout content, Tom revint sur ses pas et rentra chez lui.
« Quel arbre formidable ! se dit-il. Il m’a transformé en Petit  Courageux : c’est magique ! Je n’aurai plus jamais peur. »
Une fois rentré, il mit son pantalon à fleurs, puis se rendit chez le  boulanger. 
Il acheta deux gâteaux : un pour lui et un pour le fantôme qui dormait sous  son lit.
Mathilde Stein ; Mies van Hout
S.O.S. Petit Peureux
Toulouse, Milan Jeunesse, 2007
(Adaptation)
L’Équipe du Projet HISTOIRES À FAIRE RÊVER
fc@histoiresafairerever.c
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